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La rédaction culturelle : qu’est-ce que c’est ?

Plasticien dont l’œuvre réconcilie sculpture, peinture et installation, Nicolas Gutiérrez Muñoz poursuit depuis une dizaine d’années un travail sur la trace, entendue dans le sens d’artefact témoignant de la présence humaine – tels les vestiges de nos civilisations ; autant que dans celui d’empreinte, salissure ou signature, résidu de nos présences et de nos responsabilités individuelles. Passionné par la matière, il en explore les discontinuités : son opacité et sa transparence, sa lourdeur et sa légèreté, sa disgrâce et sa beauté.
DEBER DE MEMORIA

En 2018, Nicolas Gutiérrez Muñoz est invité à exposer au Parque Cultural de Valparaiso, au Chili. Ce prestigieux musée d’art contemporain situé dans la ville natale du père de l’artiste lui offre alors un écrin d’exception pour une exposition essentielle que Nicolas Gutiérrez titrera Deber de memoria : Devoir de mémoire. Portes bétonnées, fragments du drapeau chilien figées dans le ciment, empreintes de lunettes ou pièces massives en béton et plâtre qui, non-fixé, s’efface avec le temps : autour de la dizaine d’œuvres créées pour l’occasion, Nicolas Gutiérrez Muñoz conceptualise les thématiques lourdes de sens liées au coup d’Etat de 1973, à l’assassinat de Salvador Allende, aux disparitions de masse et à l’exil qui en seront les conséquences délétères.

Parque cultural de Valparaiso
11 YEARS OF RESIDENCIES

En 2015, Nicolas Gutiérrez Muñoz est lauréat de la Fondation privée Carrefour des Arts qui lui offre une résidence de dix mois, une bourse, un accompagnement et l’acquisition de l’une de ses œuvres.
A l’époque, Nicolas Gutiérrez Muñoz explore les limites et les possibilités de l’utilisation artistique de matériaux bruts, dans une démarche qui questionne l’influence du matérialisme et de la consommation de masse sur nos perceptions de l’art et de la vie en général.
Sept ans plus tard, en 2022 la Fondation réunira les artistes accueillis au cours des onze dernières années pour une rétrospective nommée 11 YEARS OF RESIDENCIES.
Pour cette exposition, Nicolas Gutiérrez Muñoz poursuit sa recherche en incluant dans ses installations des objets usuels abîmés par le temps, oxydés, des vestiges de notre époque jetés au rebut.

Ce faisant, l’artiste témoigne d’une double sensibilité, en apparence antinomique : d’une part son geste est celui de l’archéologue qui lit dans le fragment retrouvé l’indice d’un mode de vie, le nôtre en l’occurrence, avec son poids de surconsommation, de dilapidation des ressources et de pollution ; d’autre part, il est aussi l’œil qui voit la beauté de l’objet formel révélé, ses formes et ses couleurs, sa singularité déshabillée de l’utilitarisme.
VESTIGES

Fin 2022, Nicolas Gutiérrez Muñoz découvre la Chapelle du Grand Hospice. Lieu d’histoire, chapelle désacralisée abandonnée à l’architecture fascinante, cet espace fait écho aux questionnements de l’artiste et lui offre un terrain d’expérimentation et de réflexion d’une grande richesse.
Pour l’exposition Vestiges accueillie au Grand Hospice,Nicolas Gutiérrez Muñoz va créer une série d’œuvres qui explorent les tensions symboliques entre sacré et profane, solide et fragile, ouverture et cloisonnement.
Intégrant le pigment, la flèche, le plasticien donne une dimension sémiotique nouvelle, une référence au graffiti, geste-cri qui enjoint à « aller vers ». Vers un lendemain peut-être plus humble comme l’est, dans tout le travail de Nicolas Gutiérrez Muñoz, cette matière brute soudain anoblie, cette matière figée qui dit le mouvement.
Laurence Baud’huin